Les
Civilisations de l'oralité
ou
Le
Verbe en Afrique
Noire
Il
n'entre point dans nos intentions d'exposer d'une façon exhaustive tout ce qui
a trait aux civilisations négro-africaines de l'oralité; tenter d'y parvenir dans
le cadre de cette causerie serait tout simplement présomptueux, une série de
conférences ou plusieurs séminaires de recherche n'y parviendraient peut-être
pas.
Nous
estimerons avoir rempli la tâche que nous nous sommes assignée si nous
parvenons à vous faire prendre conscience de l'extrême importance que revêtent
ces civilisations de l'oralité en Afrique Noire, même dans le contexte
socio-culturel du monde moderne.
Et
tout d'abord que faut-il entendre par civilisations de l'oralité ? Nous
essaierons, en premier lieu, de définir le terme civilisation en mettant
brièvement en lumière les différentes formes de civilisations traditionnelles
coexistant sur le continent africain.
Si
nous consultons le Dictionnaire de la
Langue Française, nous apprenons qu'une civilisation est l'ensemble des
caractères communs aux vastes sociétés les plus évoluées, l'ensemble des
acquisitions des sociétés humaines. Par ailleurs, selon Jean Rostand, tout
ce que l'homme a ajouté à l'Homme, c'est ce que nous appelons en bloc la
civilisation. Enfin, une civilisation est également l'ensemble des phénomènes
sociaux (religieux, moraux, esthétiques, scientifiques, techniques) communs à une grande société ou à
un groupe de sociétés. (Le Petit Robert).
Il est
difficile d'évoquer les sociétés africaines conçues en tant que groupes sans
faire allusion, selon l'habitude, aux notions de race, ethnie, tribu.
Les
races sont généralement considérées comme des groupements naturels d'hommes,
ces groupements présentant un ensemble de caractères héréditaires communs. La
race n'est donc, selon cette optique, qu'une combinaison de caractères
morphologiques, anatomiques et physiologiques, simple fait biologique qu'il
faut se garder de confondre avec la culture.
Il est
bien évident que la race pure n'existe pratiquement pas; il est non moins
évident que l'on doit éviter de mettre en parallèle des notions aussi
différentes que race et nation, ou race et ethnie, ou race et civilisation ou
encore race et langue.
L'ethnie
est, avant tout, une communauté linguistique qui peut, parfois, constituer une
unité territoriale. Elle possède généralement une tradition mythico-historique
et peut, éventuellement, faire appel à un sentiment, plus ou moins vague,
d'apparentement.
Considérée
d'un point de vue politique, ou d'un point de vue économique, ou les deux à la
fois, l'ethnie est susceptible de se scinder en un certain nombre d'unités,
parfois fort indépendantes, les tribus. Chaque tribu rassemble en son sein les
individus descendant d'un ancêtre commun légendaire, voire mythique.
Le
continent africain est, dans son ensemble, relativement peu peuplé. Les
statistiques démographiques de 1962 donnent, pour l'Afrique, une densité de
population d'environ 9 habitants au km2 contre 87 habitants au km2
en Europe (non compris l'U.R.S.S.) et 23 habitants au km2 dans le
monde.
De
plus, pour des raisons naturelles d'une part, des raisons historiques d'autre
part, les populations en Afrique Noire sont très inégalement réparties, les
plus fortes densités se rencontrent en dehors des régions désertiques ou des
forêts denses, soit le long des côtes, soit dans certaines zones de
l'intérieur; mais, dans ce dernier cas, il s'agit généralement de territoires
anciennement occupés par les grands royaumes ou empires du passé.
Les
sociétés africaines étant diverses chacune d'elles a donné naissance à une
civilisation particulière.
Les
civilisations négro-africaines connaissent des formes multiples. Nous devrons
donc nous en tenir à des généralisations, certes un peu grossières, qui nous
permettront, sans entrer dans les particularités que peut présenter le
continent africain au sud du Sahara, de regrouper ces diverses formes en six
catégories principales :
1 - La civilisation des chasseurs-cueilleurs.
Ces
deux activités se complètent, cependant il convient de préciser que l'homme
chasse et que la femme cueille. Cette forme de civilisation se rencontre dans
toutes les régions, aussi bien dans la savane que dans la forêt. La chasse
fournit l'essentiel de la nourriture, la cueillette est accessoire, sauf en
période de disette.
Le
chasseur-cueilleur est un véritable nomade, ou bien il peut posséder un habitat
fixe qu'il quitte alors pour des randonnées de chasse pouvant s'étendre sur
plusieurs jours et même plusieurs semaines.
Selon
les régions et le gibier, les méthodes de chasse varient mais les pratiques
magiques propitiatoires, les interdits et le totémisme se retrouvent partout.
2
- La civilisation des pêcheurs.
Cette
activité suscite également les pratiques magiques propitiatoires, les interdits
et le totémisme.
Les
pêcheurs peuvent ne se livrer qu'épisodiquement à la pêche mais la plupart s'y
adonnent de manière intensive et continuelle, soit en mer, soit dans les
fleuves, soit dans les lacs.
Si
certains ne s'éloignent guère de leur village, d'autres s'absentent pour des
campagnes de pêche pouvant durer plusieurs mois; ainsi les Serer-Niominka qui,
du Saloum (Sénégal), vont pêcher au large des côtes de la Guinée d'expression
française, ou les Sorkawa qui remontent du delta du Niger jusqu'à Tombouctou.
3
- La civilisation des agriculteurs.
Le
cultivateur de savane et le planteur de forêt, soumis tous deux aux aléas des saisons,
de la sécheresse, des pluies, des bonnes et des mauvaises récoltes, connaissent
le totémisme, l'animisme et le fétichisme, mais aussi le culte tellurien.
Le
cultivateur possède, par définition, un habitat fixe et cette
particularité a permis le développement
de civilisations d'une grande richesse dans lesquelles le culte de la Terre et
celui des Ancêtres sont très importants. D'autre part, la sédentarisation est
marquée par l'épanouissement de
l'activité artistique : masques, statuettes, poteries, instruments de musique.
4
- La civilisation des pasteurs.
Les
pasteurs sont les véritables nomades. Le boviné demeure le centre de cette
civilisation, tout vient de lui et tout se rapporte à lui. Mythes, religion,
initiation et divination reposent sur le boviné.
Les
pasteurs sont parfois également guerriers (Peul, Masaï) ou chasseurs
(Hottentot), beaucoup plus rarement cultivateurs (Dinka, Nilotique).
5
- La civilisation des commerçants.
Cette
civilisation se présente, en Afrique Noire, sous trois aspects différents.
Les
commerçants ambulants (Dyula, Hausa) qui vont et viennent au hasard de leurs
ventes et de leurs achats; les caravanes qui assurent le transport des
marchandises d'un point à un autre, malgré la disparition du trafic de l'or et
l'abolition de l'esclavage les caravanes ont gardé une certaine importance, en
particulier pour le commerce du sel (Taoudenni); enfin les marchés, plus ou
moins spécialisés, plus ou moins fréquentés, plus ou moins renommés (Mopti,
Kumasi).
6
- La civilisation des citadins.
Les
anciennes cités florissantes des royaumes et empires disparus ou en voie de
disparition, tels ceux du Bénin, du Ghana, du Mali, des Mosi... ont connu des
civilisations avancées dont il ne reste actuellement que des traces, souvent
encore bien vivaces.
Si
nous considérons, avec Maurice Leenhardt, qu'une "civilisation ne prend
son sens véritable que si on la saisit à travers sa vision mythique du monde,
qui en constitue non seulement l'explication ou la justification, mais véritablement
le support", nous pouvons admettre que ces formes de civilisations que
nous venons de passer rapidement en revue transmettent, à travers l'oralité,
une vision mythique du monde.
L'oralité
joue un grand rôle dans la pensée négro-africaine; elle se traduit par la
parole et, à un même titre, par le geste et le rythme, ce rythme inhérent à
toute activité en Afrique Noire.
La
parole n'a pas pour simple but d'assurer la communication avec autrui, nous
pourrions même soutenir que ce n'est là qu'un de ses aspects secondaires.
Chez
l'Africain, tout procède de la parole, à la fois signe ou symbole, rythme ou
son. La parole, ou mieux le verbe, possède une vertu magique et est, par
essence, le chant sacré, la prière, l'incantation. Léopold Sédar Senghor affirme
que : "participer aux mots, c'est participer au jeu des forces vitales qui
est l'expression du monde; de Dieu". Et selon Deborah Lifszic : "il
faut, quand on accomplit un acte, mettre toutes les chances de son côté, et ne
pas oublier une force très puissante, celle qui est toujours à la disposition
des hommes : la parole".
Le
verbe participe donc de la divinité, il crée et nommer un objet, c'est lui
donner vie. "Dieu donna un nom à chacune des plantes qu'il remit aux hommes
pour se nourrir. De ce fait, il les créa..." disent les Ouobé.
Donc
la création du monde procède avant tout de la parole, du verbe. Par exemple,
chez les Dogon, d'après M. Griaule, il y a eu trois révélations par le verbe :
"la première parole était un verbe humide, la seconde un verbe lumineux,
la troisième un langage à la fois parlé et musical".
Puisque
la parole participe de l'essence du monde, il est normal qu'elle soit devenue
le propre de tous les êtres vivants et ceci explique que l'homme, dans certains
récits, ait pu parfois converser avec les animaux ou les végétaux.
Ce
pouvoir créateur du verbe constitue l'objet d'une croyance fort répandue dans
toute l'Afrique Noire, ce que l'on peut
résumer en citant encore L. S. Senghor :"la parole, le verbe est
l'expression par excellence de la force, de l'être dans sa plénitude... Chez
l'existant, la parole est le souffle animé et animant de l'orant; elle possède
une vertu magique, elle réalise la loi de participation et crée le nommé par sa
vertu intrinsèque".
Or,
les civilisations négro-africaines sont des civilisations du verbe, c'es-à-dire de l'oralité. Il
suffit, pour s'en convaincre, de songer aux inévitables causeries qui, à
l'heure de la sieste ou le soir, réunissent plusieurs dizaines de participants
en des colloques animés, parfaitement réglés et interminables.
Le
verbe négro-africain s'insinue partout et monopolise les moindres actions de
l'homme qu'il dirige, auxquelles il confère un sens et impulse la force vitale.
Le
verbe conserve, en partie, son caractère sacré dans le mythe. Malgré leur
finalité ludique, le conte et la fable africains laissent encore transparaître
l'origine divine de la parole par les formules qui ouvrent et ferment le récit.
Au
début du conte se situe une formule que l'on peut rapprocher de la formule de
sacralisation précédant le sacrifice et, de même que le sacrifice se termine
par une formule de désacralisation, de même le conte prend fin sur une formule
destinée à libérer l'auditoire de l'emprise du mythe ou de l'affabulation et à
lui faire retrouver, sans heurt ni dommage, la réalité quotidienne.
Le
geste est aussi oralité. Effectivement,
le geste, par exemple, est une forme de la prière dans les danses sacrées ou
dans les diverses attitudes exprimant l'adoration ou le respect dans toutes les
religions.
Le
geste accompagne et soutient le récit. Le griot, dit Eno Belinga :
"poète-chanteur, dont la spécialité est la narration des récits de la
genèse, procède à un usage judicieux du geste. C'est pourquoi il trouve tout
naturel de danser, le moment venu, pour faire avancer son monologue génésiaque
ou son épopée. Le mouvement cadencé du pied, le rythme harmonieux du corps, le
balancement de la tête sont les parures de sa parole et le charme indubitable de
son éloquence".
Le
geste prend une importance particulière dans le conte ou la fable. La mimique
du conteur est parfois plus éloquente,
plus évocatrice que ne le serait la parole.
Le
rythme est lié à la parole et au geste, donc à l'oralité. Dans la danse comme
dans le récit, le rythme règle les mouvements du corps ou les périodes du
discours et les fond en un ensemble harmonieux.
Le
rythme est, selon L. S. Senghor : "l'architecture de l'être, le dynamisme
interne qui lui donne forme, le système d'ondes qu'il émet à l'adresse des
autres, l'expression pure de la force vitale".
La
prédominance du rythme caractérise une civilisation orale par opposition à une
civilisation écrite. Cette prédominance se manifeste non seulement dans le
chant, la danse et le langage tambouriné, mais encore dans les langues mêmes où
les tons contrastent entre eux par leur registre mélodique, où les énoncés
offrent une structure allitérative par la répétition de certains éléments, les
affixes des classes nominales entre autres, et se succèdent en propositions
assez brèves coordonnées entre elles, nouvelle cause d'allitérations.
L'ensemble donne un rythme particulier à ces langues négro-africaines.
Les éléments
prosodiques des langues en question sont utilisés dans la transmission
instrumentale par tam-tam, flûte ou sifflet. Le langage rythmé du tam-tam
constitue un moyen d'information surprenant qui rend possible, grâce à des
relais judicieusement placés, la diffusion à grande distance des messages les
plus urgents. Ainsi, du palais de l'Empereur des Mosi, à Ouagadougou, les nouvelles et les ordres
impériaux étaient publiés par le tam-tam impérial et, dans toutes les
directions autour de la ville, à une certaine distance, des tam-tams
reprenaient et répercutaient ces messages dans tout le pays.
Ce
langage du tam-tam, tantôt public, tantôt secret, se transmet sous la direction
d'un griot qui, durant quelques années, apprend au futur tambourinaire la signification
des sons-codes, la manière de les produire selon la forme et la nature du
tam-tam, la technique pour frapper soit avec la main, soit avec une baguette,
la distance convenable pour disposer les relais.
Tout
ceci s'applique, bien entendu, également aux messages transmis par flûtes ou
par sifflets.
La
puissance de l'oralité dépend donc de la parole proférée, du geste expressif,
du rythme mélodique mais aussi de la remarquable richesse des langues
négro-africaines en termes concrets et enfin, englobant le tout, de la mimique
du conteur douée d'un étonnant pouvoir de suggestion.
Le
silence même appartient à l'oralité. Qu'il soit accompagné, ou non, du geste,
le silence peut être aussi expressif que la parole.
Selon
D. Zahan : "le silence occupe une place fondamentale dans l'expression de
la pensée bambara. Les Soudanais sont persuadés que la parole n'est efficace et
ne se valorise pleinement qu'à condition d'être enveloppée d'ombre; qu'elle ne
conserve son intégralité que proportionnellement à son degré de carence. En
poussant les choses jusqu'au paradoxe on pourrait même dire que pour les
Bambara le verbe vrai, la parole digne de vénération, est le silence".
La
plus grande partie des Noirs d'Afrique ressemble fort, sur ce point, aux
Bambara.
Les
textes oraux destinés à être dits, récités, déclamés, voire psalmodiés par un
locuteur, simple conteur ou griot professionnel, et écoutés par des auditeurs
attentifs, en dehors de tout support matériel, ne peuvent être bien compris,
bien appréhendés et mémorisés que s'ils sont bien ponctués. Cette ponctuation
orale, rythme, scansion, geste et silence, ponctuation partiellement et mal
reproduite dans les transcriptions graphiques, constitue un véritable style
oral qui permet de reconnaître et de départager les bons conteurs des moyens ou
des mauvais.
Nous
avons ainsi défini les divers éléments composant l'oralité.
Le
patrimoine culturel d'une ethnie, les
événements historiques, l'expérience acquise au cours des siècles, les règles
de vie, les croyances religieuses, la connaissance particulière du monde et de
l'homme; en un mot la civilisation propre de cette ethnie se transmet de
génération en génération, depuis les origines, par la voie orale et n'a pu être
conservée, fixée que grâce à la mémoire collective.
Cette
mémorisation a permis de garder à la tradition orale et aux textes oraux une
certaine homogénéité, chaque membre de la communauté les connaissant, les
possédant dans leurs versions plus ou moins différentes et étant ainsi en mesure de corriger les
déviations éventuelles.
Certes,
des déformations du récit peuvent toujours se produire, déformations
involontaires, parfois volontaires; malgré tout assez rares dans le domaine de
la littérature orale.
La
fixation de la mémoire collective par l'écriture a modifié cet aspect
particulier de la mémorisation.
Paul
Valéry a remarqué que :"longtemps la voix humaine fut base et condition de
la littérature" et que :"le jour où l'on sut lire des yeux sans épeler,
sans entendre... la littérature en fut tout altérée".
De
même, Lévi-Strauss observe que l'écriture "a retiré de l'humanité quelque
chose d'essentiel en même temps qu'elle lui apportait tant de bienfaits",
et, évoquant les sociétés appartenant aux civilisations de l'oralité, il note
:"ces sociétés sont fondées sur des relations personnelles, sur des
rapports concrets entre les individus".
Il est
bien évident que le rapport qui s'établit entre le conteur et son auditoire est
un contact humain, vivant, tandis que celui que tente d'établir le lecteur avec
l'auteur du texte écrit est impersonnel, souvent difficile, sinon impossible.
Même
lorsque ce contact semble possible, il demeure factice, plus ou moins entaché
d'inauthenticité car, d'après Lévi-Strauss :"nos relations avec autrui ne
sont plus que de façon occasionnelle et fragmentaire fondées sur cette
expérience globale, cette appréhension concrète d'un sujet par un autre. Elles
résultent, pour une large part, de reconstructions indirectes, à travers des
documents écrits. Nous sommes reliés à notre passé non plus par une tradition
orale qui implique un contact vécu avec des personnes - conteurs, prêtres,
sages, ou anciens - mais par des livres entassés dans des bibliothèques et à
travers lesquels le critique s'évertue - avec quelles difficultés - à
reconstituer le visage de leurs auteurs. Et sur le plan du présent, nous
communiquons avec l'immense majorité de nos contemporains par toutes sortes
d'intermédiaires - documents écrits ou mécanismes administratifs - qui
élargissent sans doute immensément nos contacts, mais leur confèrent en même
temps un caractère d'inauthenticité. Celui-ci est devenu la marque même des rapports entre le
citoyen et les Pouvoirs".
Certes,
il peut arriver qu'un fait important, religieux ou historique, soit
matérialisé, non pas par une véritable transcription graphique, mais par un
support concret; généralement difficile à interpréter pour les non-initiés.
Il ne
s'agit là que d'un procédé mnémotechnique souvent figuratif, d'un véritable
aide-mémoire stylisé qui permet au récitant de respecter, entre autres, un
ordre chronologique strict en suivant de
l'oeil, par exemple, les bas-reliefs symboliques des bâtiments royaux d'Abomey.
Ceci
ne rappelle-t-il pas les sculptures de nos cathédrales du Moyen-Age s'adressant à un public
d'analphabètes ?
Nous
pourrions citer également, dans cet ordre d'idée, les masques. Ainsi, chez les
Ouobé, les lois furent remises aux hommes par des génies et chacune de ces lois
est symbolisée par un grand masque à l'image du génie donateur.
De
même, les colonnes sculptées du Cameroun permettent au récit du joueur de mvet
de se dérouler sans défaillance.
Si
l'on peut prendre connaissance d'un texte écrit seul dans le silence d'un
bureau, ou d'un cabinet de lecture, cela n'est plus possible pour un texte
oral. Ce dernier, par son essence même, sous-entend une communication publique.
Le
griot, pour les coutumes, les traditions, l'histoire; le conteur, pour les
contes, les légendes, les fables, les proverbes; et tous ceux qui ont un
message à transmettre ne s'adressent pas à un seul auditeur mais à tout un
groupe, tout un village. Cette audition publique atteint son plus haut degré
lorsque le message est tambouriné car tous, bon gré mal gré, en ont
connaissance.
Les
conversations, les palabres peuvent avoir lieu à tout moment de la journée. Il
n'en est pas de même de l'audition des textes relevant de la tradition ou de la
littérature orale sauf, bien entendu, ceux qui concernent certaines cérémonies,
telles que les mariages, les funérailles ou un culte quelconque.
L'Africain
répugne à conter en plein jour, il est assez malaisé de connaître les
véritables raisons de cet interdit. Les réponses données s'appuient
généralement sur la coutume : "cela ne s'est jamais fait dans le passé,
nous ne devons donc pas le faire".
Cette
répugnance n'est d'ailleurs point particulière à l'Africain, mais semble bien
être, ou avoir été, générale. En effet, ces terreurs de l'heure démoniaque du midi
ne se rencontrent pas uniquement dans les pays méditerranéens ou africains mais
aussi dans les régions nordiques, et même chez les Slaves où des esprits
diaboliques errent, lorsque le soleil est au zénith, à travers bois et steppes
à la recherche d'une proie.
La
nuit pleine de mystère convient mieux, car on devine tout près la présence des
protagonistes du conte, par exemple, qui rôdent dans la brousse et cela
contribue à leur donner plus de réalité, plus de vie. La nuit n'est-elle point
faite pour le rêve ? L'auditoire croit parfois apercevoir la silhouette d'un
des héros du récit dans la clarté trouble de la lune qui déforme les objets.
Cependant,
pour certaines ethnies, comme les Mosi, une autre raison pourrait être avancée
pour ne conter que la nuit.
Effectivement,
lorsque le soleil luit, certaines âmes hantent la brousse en se lamentant,
principalement les âmes de ceux qui sont morts célibataires ou
accidentellement, et aussi les âmes de ceux qui se conduisirent mal durant leur
vie terrestre et que les mânes n'acceptent pas dans leur groupe familial de
l'au-delà.
Les
lieux qu'affectionnent les âmes errantes sont connus et, autant que faire se
peut, soigneusement évités.
Si
l'on entreprend de conter alors que le soleil brille, ne va-t-on point attirer
l'une de ces âmes ? Mieux vaut éviter ce danger et tout ce qui peut en
découler; d'où l'adage des Mosi :
"le
fantôme conte le jour et moi je conte la nuit"
Il est
permis, bien entendu, pour expliquer cet interdit de faire intervenir tout simplement
un facteur utilitaire : le travail, dans la journée, ne laisse point le temps
de conter.
Le
texte oral, qui participe du mystère de la nuit, a donc lui-même un caractère
quelque peu ésotérique, sacré, auquel nous avons fait allusion à propos des
formules qui ouvrent et ferment le récit; formules destinées, semble-t-il, à
unir le récitant et son auditoire dans une sorte de monde mythique hors du
commun; formules rappelant celles, consacrées, religieuses, des sacrifices.
Nous
n'évoquerons, dans les civilisations de l'oralité, que les faits ayant trait à
l'aspect littéraire, laissant délibérément de côté tout ce qui est purement
témoignage du passé ou tradition orale.
ll est
relativement facile d'établir une classification de la littérature en genres :
littérature épique, littérature romanesque, littérature lyrique, littérature
philosophique, littérature théâtrale, littérature allégorique.
La
littérature orale africaine se prête assez mal à ces divisions. Les
distinctions que l'on peut tenter d'y établir ne sont pas toujours bien nettes.
Certes
le mythe met généralement en scène des personnages symboliques, allégoriques
revêtant l'aspect d'êtres humains ou d'animaux et représentant les forces de la nature. Le mythe tente une
explication du monde; en cela il diffère du conte. Il convient cependant de
constater que le conte étiologique se confond parfois avec le mythe.
La
légende, qui possède souvent un fondement historique, retrace sous un jour
fabuleux l'histoire des ancêtres ou celle de l'origine d'une ethnie et les
péripéties qui en firent ce qu'elle est actuellement.
Le
conte appartient au genre ludique par excellence. Son but avoué est de divertir
et, pour ce faire, il fait appel à toutes les ressources de l'imagination la
plus débridée.
La
fable est un petit récit, dont les protagonistes sont généralement des animaux,
qui vise fréquemment à illustrer un précepte.
Le
proverbe, enfin, n'est que le reliquat sous une forme ramassée, lapidaire, d'un
conte ou d'une fable. Le texte même est oublié ou, au contraire, est trop connu
pour qu'il soit besoin de le rappeler. Le proverbe lui est substitué et suffit
à exprimer, en peu de mots, la quintessence du conte ou de la fable.
Les
démarcations entre ces divers genres littéraires apparaissent donc assez
nettement à la lumière de ces définitions volontairement concises. Mais, dans
le domaine de la littérature orale africaine, ces frontières sont extrêmement
floues et flottantes.
Il
nous a donc paru plus simple de scinder la littérature orale négro-africaine en
deux grandes parties : la littérature sacrée et la littérature profane.
La
littérature profane englobe tous les genres littéraires ludiques et éducatifs,
quoiqu'il soit parfois assez difficile de faire le départ entre ce qui est
purement ludique et ce qui est purement éducatif.
En
premier lieu viennent les devinettes et les énigmes.
Il
s'agit là de véritables jeux d'esprit malaisés à appréhender pour un Européen
par suite de leur formulation souvent ésotérique. La réponse donnée à ces
devinettes ne paraît pas toujours suivre une démarche logique de la pensée;
cependant l'auditoire fait preuve de perspicacité et de discernement, voire de
sagesse, et sait répondre à la question posée, parfois au milieu des rires.
On
regroupe fréquemment sous l'étiquette devinette deux catégories littéraires
distinctes : les véritables devinettes, telles que : "qu'est-ce qui apaise
la faim ? Le premier comestible que l'on présente !" (mosi), ou "en
haut un être vivant, en bas un être vivant, au milieu un agencement ? L'homme,
le cheval, la selle !" (peul); ou encore " le gros buisson noir aux
oiseaux noirs ? La tête et les poux !" (peul); et, par ailleurs, ce que
certaines ethnies nomment fables courtes, dont la première partie jouant le
rôle d'une question ne possède aucun rapport apparent avec la seconde partie
donnée par les assistants comme une réponse, si ce n'est le jeu des
répétitions, des rimes et des assonances, par exemple :
"mon
morceau de kapokier ?
cent
savons mis ensemble ne blanchissent pas le calao"
Ceci
rappelle assez bien les vieilles chansons enfantines et les comptines
européennes dont le sens importait peu, mais où les assonances se multipliaient
:
"Dans
mon corbeillon qu'y met-on ?
un
poisson, un cochon, un mouton ..."
Les
proverbes sont de véritables condensés de la sagesse populaire. Ils se
présentent comme des formules lapidaires bien rythmées, que l'on accompagne
souvent au tam-tam. Ces proverbes sont le reflet de l'expérience acquise au
cours des âges par l'observation du comportement des êtres vivants, humains et
animaux. Certains proverbes sont très anciens, d'autres se forgent de nos
jours, tous ont une valeur éducative.
Les
proverbes, en effet, ont pour finalité l'enseignement des us et chameau, s'il
est couché, il faut aussitôt monter dessus" (mosi); "jette l'os
coutumes, en faisant allusion à des faits précis, sans blesser aucune
susceptibilité grâce à leur caractère très général : "le monde est
comme un pour éloigner les mouches" (peul); "celui qui aime dire la
vérité doit avoir un cheval rapide" (hausa). De nombreux Africains
émaillent leur conversation de proverbes et, souvent, les vieillards les plus
sages en arrivent à ne s'exprimer que par proverbes.
Le
conte occupe dans la littérature orale négro-africaine une place de choix.
Il est
pratiquement impossible de faire le départ entre le conte et la fable, par
contre le conte se distingue du mythe et de la légende par une croyance moins
marquée. La seule différence sensible entre le conte et la fable se situe au
niveau de la longueur du récit, le conte étant toujours plus long que la fable.
Ce que nous dirons donc au sujet du conte s'appliquera tout aussi bien à la fable.
Les
contes sont la vie même. En effet, le conte est la représentation imagée de la
vie traditionnelle, il en est aussi la défense. Plus ou moins clairement, le
thème du conte suggère ou implique le conservatisme traditionnel en imposant le
modèle du passé :"en telles circonstances, nos pères agissaient ainsi,
pourquoi n'agirions-nous point de même ?"
Reflets
de la tradition, les contes sont, sous une forme agréable, les gardiens et les
garants d'une autorité morale et traditionnelle.
La
force de persuasion du conte est d'autant plus vive qu'elle demeure toujours
sous-jacente, généralement aucune morale n'est exprimée clairement mais une
réflexion ou une question du conteur permet à
l'auditoire de tirer tout le profit que l'on peut attendre du conte; car
rien n'est gratuit et il ne s'agit pas de conter uniquement pour le seul
plaisir. Ce qui ne signifie pas que l'on n'éprouvera pas un grand plaisir en
écoutant un conteur à l'art consommé qui saura, par ses intonations variées et
ses mimiques, rendre le récit plus alerte et provoquer les rires autour de lui
car, par plus d'un côté, le conte s'apparente au théâtre et le conteur est un
véritable acteur qui, grâce à son talent de mime, est capable d'évoquer les
divers protagonistes et de les camper devant son auditoire.
La
littérature orale négro-africaine n'appartient pas au genre didactique pur, les
fables de La Fontaine non plus d'ailleurs. Ces récits ne se proposent pas
d'enseigner une vérité ni de recommander au bon public tel usage à l'encontre
de tel autre; Delafosse avait déjà remarqué que "la moralité des fables
soudanaises n'est pas plus morale que celle des nôtres, mais elle exalte le
plus souvent la finesse et la ruse aux dépens de la force." Les contes et
les fables se contentent donc d'exposer une tranche de vie et fournissent
ainsi, le plus souvent, aux auditeurs un sujet de discussion animée. Cette
discussion est fréquemment provoquée par une question du conteur :
"Qui a raison ?" ou "Qu'auriez-vous fait à la place du héros
?"
C'est
de cette controverse que se dégagera un enseignement pratique touchant au
respect des traditions ou aux rapports avec ses semblables. Le conte et la
fable sont donc l'étincelle, la lueur provenant du passé tribal qui permet de
confronter les opinions diverses et d'aboutir à une règle de conduite reconnue
par chaque membre de la communauté.
La littérature
orale négro-africaine en général et le conte en particulier appartiennent au
peuple. Ils s'adressent à tous et non à une certaine couche de la population
seulement. Hommes et femmes, jeunes et vieux, puissants et misérables et même
l'Africain européanisé, bien qu'il s'en défende parfois, tous se retrouvent
dans le conte, expression des valeurs purement négro-africaines.
Le
conte retrace les occupations quotidiennes, les conditions de vie habituelles.
La vie familiale, la culture, la chasse, la pêche, le commerce, la guerre, les
croyances religieuses, les génies, les mânes, la divinité, tout appartient en
même temps au réel et au conte sans qu'il soit possible parfois, lorsqu'il
s'agit de génies, de mânes ou de divinités, de séparer le mythe de la réalité.
Le
merveilleux côtoie souvent le réel dans le conte, les personnages y sont des
animaux ou des êtres humains, ou les deux ensemble, également des végétaux, des
êtres surnaturels, comme la mort. Nous frôlons alors l'allégorie; pour être
plus exact, dans la plupart des cas, nous dépassons l'allégorie pure. Il ne
s'agit plus d'une simple transposition de caractères humains à d'autres entités
mais d'une véritable filiation. Peut-on dire filiation totémique ? Peut-être,
mais le terme totem ne semble pas recouvrir la même notion selon les ethnies ni
posséder la même acception partout.
Ainsi
pour les Diola de Basse-Casamance : "pratiquement le totem naît en même
temps que l'homme, est malade comme lui, éprouve les mêmes joies, les mêmes
douleurs, et la mort de l'un amène fatalement celle de l'autre." (L.-V.
Thomas)
Le
totem, dans ce cas particulier, est donc considéré comme un véritable double de
l'être humain. Tandis que pour d'autres ethnies de l'Ouest africain, les Mosi
par exemple, l'animal ou le végétal ou tout autre entité que nous nommons totem
faute d'une dénomination plus appropriée, n'est pas identifié à l'homme mais
possède un statut supérieur à celui d'un simple protecteur. Il est lié par un
pacte à tous les représentants du clan, à la suite d'un grand service rendu à
l'ancêtre fondateur de la famille. Il devient tabou et nul de doit plus le tuer
ni consommer sa chair si c'est un animal, ni même, parfois, le toucher sous
peine de punition pouvant aller jusqu'à la mort du contrevenant.
Le
châtiment n'est d'ailleurs pas appliqué par le totem mais résulte des
malédictions prononcées par l'ancêtre à l'encontre de ceux qui ne
respecteraient pas le pacte qu'il a noué avec le totem et les interdits qui en
découlent.
Les
contes ludiques ne tendent qu' au divertissement des auditeurs. Les contes
étiologiques, par contre, tentent d'expliquer, généralement par l'intermédiaire
du merveilleux, un fait dont l'explication n'est pas évidente a priori, soit
l'origine d'une institution traditionnelle, soit celle d'une coutume, soit la
cause d'un phénomène naturel qui a frappé l'esprit des premiers observateurs;
et ceci montre assez combien est floue la frontière entre contes, légendes et
mythes.
Le
conte étiologique fournit donc une réponse aux questions que se pose l'être
humain devant les mystères de l'univers, réponse sans aucune prétention
scientifique certes mais qui satisfait pleinement le goût du merveilleux que
tout homme possède peu ou prou. Combien de fois n'a-t-on pas constaté, lors des
découvertes scientifiques, la répugnance manifestée par la masse pour ces
explications rationnelles qui dépoétisent la conception ancienne du cosmos.
La
littérature orale négro-africaine sacrée, ou sérieuse, comprend en premier lieu
la légende.
Les
légendes maintiennent vivaces les croyances relatives à l'origine des clans ou
des dynasties et retracent, sous une forme souvent idéalisée, la généalogie des
fondateurs de royaumes, des grands et des héros. Ces récits légendaires, dans
lesquels l'ancêtre fondateur de la tribu et de la lignée des chefs apparaît
comme un être aux vertus surhumaines, tendent à une véritable légitimation du
pouvoir établi, légitimation rappelée sans cesse à la mémoire des auditeurs par
la récitation rythmée, en de nombreuses circonstances, de la chronologie de la
chefferie ou du royaume.
Le
mythe est, sans le moindre doute, l'essence même de la littérature orale
sacrée. En effet, dans les civilisations de l'oralité, le mythe n'est rien
autre que le dogme des diverses religions dans les civilisations de l'écriture.
Le
mythe est l'expression, selon R. Bastide, de la connaissance "de la
participation de l'homme et de son groupe au cosmos, de l'envahissement des
gens dans les choses, les végétaux, les animaux; des sujets par les objets, celle
du sentiment de l'identité entre le vivant et le monde."
Le
mythe étiologique, expliquant l'origine des êtres et des choses, et le mythe
cosmologique, mettant à la portée de l'homme la connaissance de la structure de
l'univers, ne sont que les deux facettes indissociables du mythe en général.
Dans
son expression orale et dans les cérémonies du rite qu'il sous-entend, le mythe
est la reproduction au sein de la société humaine de la création et du cosmos.
La collectivité vit donc, au sens strict du terme, le mythe dont seuls quelques
initiés sont admis à percer les arcanes.
La
majeure partie des textes appartenant à la littérature orale négro-africaine
profane et sacrée est enjolivée par le merveilleux. Tout ce merveilleux fait-il
l'objet de la part de l'adulte africain, car les enfants ne sont pas les
uniques destinataires de ces récits, d'une croyance aveugle ?
Assurément
pas, mais un peu de rêve permet de mieux supporter la banalité de la vie
quotidienne, et puis ... sait-on jamais ?
Si
nous faisons abstraction de ce merveilleux, nous constatons sans peine que les
thèmes formant l'ossature de la littérature orale négro-africaine, dans son
ensemble, sont la projection sur le plan mythique des coutumes, des traditions
et des croyances constituant la culture d'une société, sa civilisation.
La
littérature orale, expression même des civilisations de l'oralité, exige pour
demeurer vivace et remplir sa mission un cercle d'auditeurs, dont chaque
participant se sent plus proche des autres membres de la communauté en
partageant les mêmes émotions et les mêmes joies, émotions et joies provoquées
par l'audition des récits provenant du passé et établissant ainsi un lien ténu,
mais solide, entre le monde d'hier et celui d'aujourd'hui.
La littérature
orale, l'oralité pourrait-on dire, est donc un facteur non négligeable de
cohésion familiale et même de cohésion sociale à l'intérieur du village, voire
de l'ethnie . D'ailleurs ce rôle de cohésion s'affirme avec force quand toute
une ethnie se reconnaît à travers ses contes, ses légendes, ses mythes.
Selon
Lévi-Strauss, "un recueil des contes et des mythes connus occuperait une
masse importante de volumes. Mais on peut les réduire à un petit nombre de
types simples, mettant en oeuvre, derrière
la diversité des personnages, quelques fonctions élémentaires".
Effectivement, les principaux thèmes se retrouvent, du moins dans leur trame
primitive, dans la plus grande partie de l'Afrique Noire.
Le
comparatisme, qui n'en est qu'à ses débuts en matière de littérature orale,
laisse l'impression qu'il existe un fonds commun négro-africain.
Si
nous admettons l'existence de ce fonds commun négro-africain, et peut-être
faudrait-il l'élargir, pour les grands thèmes, à l'échelle de l'humanité, il
est concevable que chaque ethnie après y avoir puisé ses thèmes les a transformés, ornés, vivifiés
selon son génie propre.
Depuis
un demi-siècle environ, des chercheurs de nationalités différentes se sont
penchés sur le problème de la littérature orale négro-africaine et ont
entrepris de la recueillir et de la transcrire. Ces essais, encore trop timides
et trop dispersés, doivent être poursuivis et amplifiés. Il est nécessaire et
urgent de procéder au recueil le plus exhaustif possible des mythes, des
légendes, des contes, des proverbes des diverses ethnies afin de mieux
connaître l'âme africaine avant que le monde moderne ne l'ait transformée, ou
avant que ne disparaissent certains aspects de ces civilisations reflétés par
la littérature orale, littérature véhiculée par des langues parfois, hélas, en
voie d'extinction.
L'oralité,
venue du fond des âges, empreinte de malice mais aussi de sagesse, gardienne de
la tradition, demeure donc un des plus beaux fleurons des civilisations
négro-africaines.
Gaston CANU
1970